Acouphènes
Notre laboratoire a développé un modèle expérimental d'acouphènes chez l'animal pour tester l’efficacité thérapeutique de médicaments appliqués directement au contact de l’oreille interne (pharmacologie locale). Cette étape pré-clinique franchie, un transfert chez l'homme pourrait s'effectuer … à condition que tous les autres acteurs se mobilisent : patients, médecins, laboratoires pharmaceutiques, pouvoirs publics!
Qu'est-ce qu'un acouphène ?
Nos résultats expérimentaux démontrent que l'acouphène (après accident vasculaire ou traumatisme sonore) est en fait une réaction "épileptique" de la fibre auditive. Le dérèglement de la synapse entre la cellule sensorielle (CCI) et le nerf auditif se traduit par une augmentation de l'activité spontanée (sans son stimulant) de certaines fibres, qui va être interprétée au niveau central comme un son continu ou rythmé.
Animation schématique du déclenchement d'un acouphène, après traumatisme sonore.
Exposé des résultats
Deux approches expérimentales nous ont permis d’étudier les acouphènes.
- Une longue recherche fondamentale a permis de mettre à jour les mécanismes moléculaires du fonctionnement normal et pathologique du nerf auditif. En particulier, nous avons découvert qu’un bruit excessif (traumatisme acoustique) ou un accident micro-vasculaire pouvaient déclencher des activités anormales et spontanées (sans stimulation sonore) dans le nerf auditif. En intervenant assez tôt, on peut arrêter ces activités anormales et donc ces acouphènes.
- Un second modèle animal nous a permis de vérifier que ces activités anormales sont traduites par le cerveau en « acouphènes ». Ce modèle comportemental, n’induisant ni stress, ni anxiété, consiste à conditionner un animal à exécuter une tâche en réponse à un son. Ce nouveau modèle nous permet d’objectiver et de quantifier la présence d’un acouphène et de tester les molécules capables de les arrêter.
Les molécules sélectionnées pour traiter les acouphènes ont fait l'objet d'évaluations pré-cliniques chez l'animal en utilisant leur application directe au contact de l’oreille interne. Des résultats tout à fait positifs sont obtenus avec certaines molécules qui régulent l’activité du nerf auditif.
Retombées potentielles de ces recherches
Jusqu'à ce jour, l'obstacle majeur à la mise en œuvre d'essais cliniques résidait dans les effets secondaires des substances délivrées par voie générale. Par exemple, des substances efficaces sur les acouphènes ont des effets catastrophiques sur l'apprentissage et la mémoire. La mise au point d’une pharmacologie locale (trans-tympanique), issue des recherches sur l’animal, permet de s’affranchir de ces effets secondaires et donc de démarrer ces essais cliniques sur des acouphènes survenus récemment (moins de 3 ou 4 ans), notamment après un traumatisme acoustique.